En dehors de la fourmilière [ Keira Thompson ]

Impossible de vivre à New-York sans voir Central Park, le plus grand espace vert de la ville. The City of New-York…une ville qui ne semblait jamais dormir, toujours à fourmiller d’activité. C’était assez fatiguant, il fallait l’avouer. A côté, Londre semblait en repos constant.

David c’était enfin décidé à sortir de son appartement. Il avait déballé le dernier carton (heureusement il n’en avait pas tant que ça) et après maintes coups de fils à la famille et aux amis, il avait lu et relu les guides qu’il avait trouvé sur New-York. Lui qui ne sortait que très rarement de Londre, se retrouver largué dans cette immense ville le rendait un peu…nerveux. Surtout qu’il ne lui fallait pas grand-chose pour ça. Et ne connaissant rien ni personne, il se demandait comment il allait s’en sortir. Pourquoi était-il venu ici déjà ? Pour prendre ses « distances », ah oui. Drôle d’idée maintenant qu’on y repensait.

Le jeune homme se passa la main dans les cheveux, les ébouriffants au passage. Il avait l’air malin, en plein milieu de Central Park, lunettes de soleil sur le nez pour ne pas se faire reconnaître. Vêtu d’un simple jean et d’un t-shirt délavés des plus basiques, caché sous une veste en cuir usée. Aux pieds, une paire de converses noires, pas toutes jeunes elle non plus. L’écossais s’humidifia les lèvres avant de regarder une seconde fois autour de lui. En cette fin de matinée il n’avait rien a faire ; cela faisait longtemps d’ailleurs pour lui qui se shootait habituellement au travail (ne cesserait-ce que pour envoyer un autographe à ses « fans »). David allait devoir rapidement trouver un restaurant ; ne serait-ce qu’un macdo… Mais le jeune acteur était perdu ; et, timide, il n’osait demander son chemin aux New-yorkais pressés. Et de toute manière, tout le monde était censé s’avoir ou se trouvait un fast-food. Il devait bien y en avoir un à deux pas d’ici. David reprit donc se marche, les mains aux chauds dans les poches, observant les gens qui l’entouraient le regardaient parfois de travers, on le connaissait ici ? Probablement, la série qui l’avait fait connaître était après tout culte dans tout les pays anglophones, cependant, on devait hésiter à l’aborder, « et si ce n’était pas lui ? »… Tant mieux, non que David n’aimait pas cela, mais il avait envie d’un peu de tranquillité…

Ne prenant pas garde ou il allait, l’écossais entra en collision avec une personne de petit gabarit, lui tapant l’épaule. David s’arrêta et fit volt face pour s’excuser.

Spoiler:

-------A l´approche des douze heures sur le cadran numérique de la librairie, le propriétaire de la boutique congédia Kiara pour sa pause méridionale. Elle travaillait là depuis septembre, en parallèle de ses cours. Cela lui avait permit de gagner un peu d´argent et mettre au placard les rancoeurs qu´elle avait contre le monde entier, après la mort de ses parents, en juillet dernier. Elle avait été contrainte de quitter sa province française pour se dépayser dans un autre univers. New York, la fourmilière géante. Dans un second temps, Kiara avait pris plaisir à conseiller les clients. Et il y avait les habitués qui lui demandaient sans cesse les nouvelles acquisitions de la librairie. Elle avait du mal à imaginer comment certains new yorkais arrivaient à lire autant !

-------L´hiver était fini et l´air était plus doux. Et cela ne pouvait déplaire à la jolie blonde qui avait le nez qui rosissait aux températures fraîches. Elle avait tout de même couvert son cou d´un foulard et avait juste troqué son passe montagne pour une tenue plus légère mais imperméable. Des trombes d´eaux étaient annoncées pour la fin de soirée. Des bourgeons naissaient même sur quelques arbres précoces. Elle traversa la rue entre la librairie et Central Park, en vérifiant préalablement l´arrêt total des automobiles jaunes, qui se croyaient parfois tout permis. Puis elle s´engagea sur les grandes allées bondées du parc mythique. La plupart des piétons étaient pressés, comme d´habitude. Kiara, elle, ne marchait pas si vite que cela. Elle avait toujours aimé être différente des autres moutons new yorkais. Elle consultait les deux nouveaux textos qu´elle venait de recevoir. Une publicité de son fournisseur téléphonique. Ils n´ont encore pas fini de surcharger sa boîte de réception ? Et un autre d´un ancien ami français, Jeremy. C´était un des seuls avec qui elle avait gardé le contact. Et le plus réjouissant dans cette histoire est qu´il devait partir à New York en voyage linguistique. Kiara allait enfin pouvoir le revoir !

-------Elle entendit la sonnerie de trois vélos. Elle eut juste le temps de tourner la tête pour voir à quelle distance se profilait les engins, qu´elle se rabattit subitement sur la droite, bousculant ainsi un autre piéton. Elle rattrapa son portable au vol, avant qu´il ne tombe sur le macadam. Des années d´expérience ! Kiara n´était pas spécialement maladroite, mais son mobile avait la fâcheuse idée de lui glisser des mains.

-------Elle avait horreur que des gens pressés la bousculent, et c´était monnaie courante dans la grosse pomme. Mais pour une fois, c´était de sa faute.

-------- Excusez-moi. En plus, je croyais que les vélos avaient une voie réservée…

-------Elle se mordit discrètement la lèvre inférieure. Pourquoi était-elle donc obligée de raconter autant de choses à des inconnues pour se ridiculiser ?

Spoiler:

Des lunettes de soleil plein hiver ? Suspect ? Non…David était persuadé que beaucoup d’américains faisaient ça… Quoi que… Maintenant qu’il y regardait de plus près, les gens étaient surtout emmitouflés dans d’épais manteau (du moins, plus épais que le siens) et généralement des imperméables… Et actuellement, David regrettait de ne pas s’être vêtu plus chaudement ou de se préparer en cas de pluies, lui qui était très frileux. Il aurait dut regarder la météo avant de sortire… Quoi que, mettre le nez dehors et rentrer aussi vite aurait tout aussi bien suffit. Mais non, le jeune écossais, une fois sortie, avait eu la flemme de devoir sortir ses mains de ses poches pour mettre la clé dans la serrure, et monter se changer… Autant l’européen pouvait être hyperactif, autant il pouvait se retrouver avec plus de tonus qu’un escargot asmathique . Mais il avait comme excuse le décalage horaire…Quoi que… ça faisait maintenant quelques jours qu’il était arrivé à New-York. Non, c’était tout simplement que le jeune homme n’était pas très motivé. Eh oui, ça motivation pouvait l’emmener à se laisser mourir de froid dans l’immense ville qu’était New-York.

Lorsque l’écossais se fit bousculer par un petit gabarit, son premier réflexe fut de rattraper la personne en question histoire d’amortir une éventuelle chute. Puis, il allait s’excuser (aucune raison, il n’était pas en tord, mais il avait pour habitude de se perdre en excuses lorsque il entrait en collision avec quelqu’un) ; mais à sa grande surprise ce fut la « fauteuse de trouble » qui, après avoir exécuté une figure très impressionnante pour récupérer son portable qui présenta ses excuses. David fixait la jeune fille les yeux ronds. Depuis qu’il était à New-York, il c’était fait marcher sur les pieds, bousculé un nombre incalculable de fois, et pas une seule des personnes en faute ne c’était montré désolé. Ils continuait leur chemin en bougonnant et pestant(parfois avec un vocabulaire fleurit) contre lui… Quand par contre, lui s’excusait, on le regardai, étonné, et on reconnaissait celui qui n’était pas du coin. Yep, David connaissait les bonnes manières, ce qui ne semblait pas être le cas de tout le monde ici…

Mais pas de la demoiselle qui se trouvait en face de lui. Elle ne devait pas avoir plus de vingt ans, une adolescente, et elle était polie…Impressionnant ! En général c’était les teenagers qui était les plus impolis, vomissant des flots de jurons… David quitta son masque de stupeur (il allait finir par l’effrayer la pauvre) pour laisser un grand sourire se graver sur son visage.

-Ce n’est rien, aucuns problèmes, vraiment.

Là, si elle n’avait pas remarqué qu’il n’était pas du coin (et si elle ne l’avait pas reconnu malgré son déguisement très recherché…enfin…encore fallait-il qu’elle le connaisse…peut être ne regardait-elle pas les aventures du Doctor qui voyageait dans le temps et l’espace à bord de son vaisseau spatial ayant l’apparence d’une Police Blue Box…très peu probable mais bon…) c’était sur qu’elle l’avait deviné à son accent écossait. En tout cas, lui avait crut apercevoir un accent français, léger certes, mais présent. Un sourire béat se dessina aussitôt sur son visage. Il aimait beaucoup les français, et la France en général. A chaque fois qu’on le lui demandait il répondait avoir une « préférence » pour les françaises. Pays qui le passionnait, mais qu’il n’avait cependant jamais oser visiter. Déjà, parce que son vocabulaire était très réduit, une espèce de crainte lui dictait de rester dans les pays anglophones, et ensuite simplement parce que l’idée de prendre l’avion lui faisait horreur.

David se reprit bien vite (pour son premier « vrai » contact avec New-York (même si il n’était pas vraiment de la ville) il voulait le réussir un minimum, et ne pas quitter une jeune fille effrayée par un type ressemblant plus à un psychopathe qu’autre chose) et son sourire redevint à nouveau « normal »…du moins, plus tranquille ; même si ses yeux dévorait la demoiselle de la tête aux pieds (très jolie au passage…blonde, il aimait beaucoup les blondes au visages très fins…les brunes aussi… bref !). Habituellement, dans ce genre de situations il était mal à l’aise, mais là, c’était différent. Il se trouvait face à une jeune ado, vraiment pas de quoi faire son timide. Surtout qu’elle ne semblait pas vraiment méchante.

L’écossais, jusqu’à là immobile (mis de côté son visage dont les traits avaient changés assez régulièrement) attrapa subitement la jeune fille par les épaules, un air inquiet à présent.

-Vous n’avez rien ? Tout vas bien ? Pas de blessures ?

On ne savait jamais, elle aurait put se blesser, et David avait totalement manqué de savoir vivre en attendant que quelque chose se passe, se contentant de regarder la demoiselle oisivement. Après l’avoir regardé dans les yeux (les siens grands ouvert, « bloblotant » comme le disait certains) et avoir cherché quelques blessures, aussi superficielles fussent-elles, il la lâcha et recula de quelques pas, remettant ses mains dans les poches de son blouson, au chaud, sans quitter son sourire confiant et chaleureux.

Spoiler:

Kiara n´avait pas reçu une stricte éducation à proprement parler. Mais elle avait appris des valeurs fondamentales à la vie en collectivité, comme le respect, la politesse, la fidélité (valeur dont son ex n´avait sûrement jamais entendu parler…) et j´en passe. Tant qu´elle appliquait ses règles, et qu´elle travaillait bien à l´école, ses parents lui laissait faire tout ce qu´elle souhaitait.

Ainsi, quand elle avait chaviré par mégarde un passant sur une des allées bondées de Central Park, elle s´était de suite excusé. Bizarrement, l´homme bousculé n´était pas partit d´un pas vif, en fulminant. Mais avait rétorqué qu´il n´y avait rien de grave. Au moins, ils étaient d´accord sur ce point mais les new yorkais d´origine faisait souvent d´un petit mal entendu, une affaire d´Etat. L´accent de son interlocuteur prouvait bien qu´il n´était pas habitué à la grande ville américaine. Kiara réfléchissait au pays d´origine d´où il pouvait provenir. D´où venait-il ? Elle retourna la question dans sa tête pendant quelques secondes, avant d´abandonner. Elle parlait couramment anglais depuis seulement sept mois, alors c´était pas pour reconnaître aisément les différentes intonations dans le langage !

Mais au faite, que faisait-il avec des lunettes de soleil sur le nez ? Il avait plus l´air d´un clown tout droit débarquer sur son chapiteau sans avoir appris le numéro qu´il devait présenté. Et encore… parce qu´un clown au cirque, le public si attend… Il y a les stars qui mettent sur leur nez des lunettes noires. Mais si son interlocuteur était vraiment connu, alors il n´était pas malin de mettre des lunettes tandis que personne d´autres que lui n´en porte. Nos yeux sont pris d´attention pour ce qui change. Si quelqu´un porte de vives couleurs tandis que les autres en portent des ternes, on ne verra que la personne colorée.

Kiara fut attraper par son drôle d´interlocuteur avant qu´il ne s´inquiète sincèrement pour elle. Elle trouvait cela étrange, n´étant pas habitué à autant d´attention des new yorkais. Sauf qu´elle avait déjà compris qu´il n´était pas américain… mais civilisé. (ah ah… j´ai rien contre les Américains, soit dit en passant !)

_ Oui, oui, tout va bien. Je ne suis pas tombée. Je ne me suis pas cogné la tête. Aucun hématome. Pas de toute, je survivrai à cette bousculade. Même mon portable, d´ailleurs !

Kiara riait légèrement. Pas pour se moquer de lui, mais simplement pour rire.

Au bout de quelques minutes, son visage lui rappelait quelque chose. Etait-ce quelqu´un qu´elle connaissait personnellement ? Ou une célébrité ? Ou une personne qui ressemblait à une de ses connaissances. Elle ne savait absolument pas répondre aux questions qu´elle se posait. Mais elle n´allait pas lui demandait. Elle aurait l´air de quoi s´il disait qu´ils ne se connaissaient pas ?

_ Votre visage me dit quelque chose ? Est-ce qu´on se connaîtrait pas ?

Ces questions s´étaient échappées de sa gorge, sans qu´elle n´ait eu le temps d´y réfléchir. Et maintenant, elle se mordait la lèvre. Elle n´avait plus qu´à attendre la réponse…

Après réflexion, il n’était en réalité pas étonnant que la jeune française (d’après les déductions de David) ne connaisse pas le petit acteur européen. Après tout, certes, dans les pays anglophones tout le monde le connaissait ; à Londre, sa tête était partout sur les affiches (généralement Doctor Who) ou dans les grands théâtres ; à San Francisco, dans tout les magasins il y avait des goodies de la célèbre série de science fiction dont il faisait partit, mais en France, rien, nada… C’était d’ailleurs pour cette raison que David aimait la France, là-bas, il pouvait se promener tranquillement (certes, il croiserait deux ou trois personnes qui le reconnaitrait…Et encore)… Bon, il aimait aussi la France pour tout les clichés dont il avait entendu parlé : Paris, capitale de la Mode, ville splendide et éblouissante. Sans oublié la renommée fracassante de la gastronomie française…Mais jamais il n’y était aller. Pas vraiment par manque de temps (quoi que…) simplement parce que l’idée de monter dans un avion le répugnait, et le faisait culpabiliser lourdement.

Le rire cristallin de l’adolescente rassura David, il la lâcha, et recula de quelques pas, riant avec elle, aux éclats… Rire qui aurait put paraître forcé, mais qui ne l’était pas du tout. Ah…Depuis quand n’avait-il pas eu de relations sociale ? Depuis combien de temps n’avait-il pas parlé à quelqu’un en chaire et en os, et non à son téléphone ou à son ordinateur ? Depuis trop longtemps à son gout. La solitude ne lui déplaisait pas, mais l’écossais n’était pas non plus un espèce de sociopathe qui ne sortait pas de son trou. Il aimait quand même un minimum la chaleur humaine… Et à New-York, pas évident d’en trouver de la chaleur humaine.

David se calma, et les mains dans les poches, il pencha légèrement la tête sur le côté d’un air décontracté (ce qu’il était d’ailleurs) sans lâcher la jeune fille des yeux. L’écossais avait complètement oublié son estomac criant famine, et l’air ridicule qu’il devait avoir, avec ses lunettes de soleil par un froid pareil (bon, il ne faisait pas si froid que ça, mais pas non plus de quoi se balader avec de quoi se protéger des rayons du soleil ). Il souriait tranquillement, heureux de rencontrer enfin quelqu’un avec qui discute. Il ne se faisait pas d’illusions, certes, ils allaient maintenant repartir chacun de leur côtés, et s’oublier, mais un peu , c’est toujours mieux que rien du tout… Et les amis de Ten inhes allaient être content de voir qu’il avait parlé à une personne in real life (et à quelqu’un d’autre que la serveuse du fast food ou David allait quotidiennement se nourrir). Bon, c’était juste le fruit du hasard, mais l’étranger trouvait que c’était un déjà bon début.

Aller, maintenant il fallait se quitter, se dire au revoir… Mais David n’avait pas envie. D’accord, il ne connaissait absolument pas la demoiselle qui se tenait face à lui…eh bien justement, il avait envie de la connaître. Elle avait l’air sympa ! … A quoi pensait-il ? Il avait 38 ans, elle en avait quoi, 17, 18 ? On allait la prendre pour une call girl, et lui pour un pervers…

La voix de la miss en face de lui le sortit de ses pensées. Bouche ouverte, légèrement penché en avant (à peine) il mit quelque seconde avant de répondre, laissant échapper un « weeell ». Ah, alors elle le reconnaissait ? De visage ? Généralement c’était par sa voix…ou par ses cheveux…ou son visage…Oui, en fait, il était très reconnsaissable… Ou peut être était-ce une erreur !Mais probablement pas, après tout, dans toutes les librairies sont visage était en vue… Si elle lisait, elle l’avait donc déjà aperçut. David se redressa, et se gratta la nuque, avant de répondre, de sa voix montant dans les graves et les aigues, « comme s’il n’avait pas encore mué » se moquait souvent Catherine (mais bon…parait que c’est mignon), et roulant les r, comme le voulait l’accent écossais :

-Non...Non, je ne pense pas que nous nous connaissions…

Le jeune homme avait une bonne mémoire, et des jeunes filles aussi ravissante que celle qui se trouvait en face de lui (et avec un accent français ! Ah, il adorait les fan françaises…il n’oubliait rarement leur visage) il ne les oubliaient pas facilement… Quoi que… Avec toutes les personnes qu’il voyait défiler, ne serait-ce qu’à la fin de ses représentations d’Hamlet…David, immobile, la main dans la nuque, attendit une, puis deux secondes, avant de se rappeler qu’il avait toujours ses lunettes sur le nez, il les ôta en vitesse pour les ranger dans la poche de son blouson, et tendit la main vers la jeune fille, se rappelant qu’il ne c’était pas encore présenté, un grand sourire aux lèvres :

-David. David Tennant. Enchantée de faire votre connaissance !

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